Edith Lecoq

Rencontre improbable
Vers Penchâteau, un jour d'été.
Au loin, sur un rocher,
Un homme peint, très concentré.
Il nous laisse l'approcher
Et nous l'observons attentionnés.
Sur quelques traits dessinés,
Son pinceau étale avec habileté
Des aquarelles chamarrées.
Dès que lui je lui ai demandé,
Il me tend une carte toute chiffonnée
qu'il a sortie d'un caban usagé.
Trois semaines sont passées et
pour une exposition, je l'ai rappelé.
Très vite il l'a acceptée,
Tellement enthousiasmé
Et surpris de cette idée
que la vie lui avait réservée.
Ainsi, naquit une nouvelle amitié.


Sphinx

Zénitude

Emblème

Ombre jetée

UNE NOUVELLE NOUVELLE !
Boulevard Saint-Germain, je buvais un café en terrasse un matin qui m'apparaissait comme les autres. Le ciel était encore pâle. La douce chaleur de l'atmosphère et les faibles rayons du soleil laissaient présager une belle journée calme et ensoleillée.
Un passant, la mine réjouie, avec une rose blanche à la main droite et une baguette fumante sous le bras gauche se dirigeait vers la Seine. Le son des cloches de l’église d’en face se mêlaient aux sonorités du vieil orgue que l'organiste avait plaisir à actionner depuis dix minutes. Cinq moineaux piaillaient autour de ma table en quête de quelque nourriture. J’aperçus un pauvre chien qui traversait l'air effrayé le square couvert de rosée.
Un serveur mal rasé, qui, de toute évidence, n'avait pas dormi de la nuit, s'apprêtait à m'aborder quand soudain une petite twingo se gara promptement le long du trottoir et les pneus crissèrent si fort qu'une nuée de pigeons s'envolèrent aux alentours de la terrasse. Il était impossible de distinguer la passagère dans ce véhicule rose aux vitres teintées. J'ai vite compris pourquoi elle était restée un quart d’heure dans sa voiture, en la voyant sortir accrochée à son portable multicolore et parler avec véhémence tout en gesticulant.
Elle traversa la rue sans prêter attention à la circulation ; mais Il faut dire qu'à cette heure matinale elle ne risquait rien. Seulement dix voitures étaient passées devant moi, depuis une heure que j'étais attablé dans ce café....N’ayant pas vu le trottoir, elle trébucha et se rattrapa in extremis à un jeune homme qui était venu à sa rencontre. Il lui dit deux mots à l'oreille qui la firent sourire et son visage s'illumina.
Sa chevelure blonde encadrait un visage fin et très bronzé. De grosses lunettes noires le dissimulaient à moitié. Son allure svelte contrastait avec sa tenue vestimentaire un peu vulgaire qui ne passait pas inaperçue. Elle portait un tailleur bariolé avec un sac rouge en bandoulière assorti à ses talons aiguilles et à ses boucles d’oreille. Elle avait enroulé à sa façon une longue écharpe jaune autour de son long cou.
Ils avançaient côte à côte en ma direction. Lui la tenait par la taille tandis qu'elle faisait attention à ne pas se tordre la cheville sur les pavés disjoints. Il lui parlait doucement et elle semblait l’écouter avec plaisir. Il était presque à ma hauteur quand ils se retournèrent vers la vitrine du magasin d’à côté. Ils la fixèrent un instant en la montrant du doigt et en hochant la tête de droite à gauche.
Ils revinrent vers moi. Et ma surprise fut grande quand elle m'embrassa chaleureusement en me parlant dans une langue que je ne reconnus pas tout de suite. Je restais sans rien dire les observant, en attendant que cette énigme se dénoue. Dans son flot de paroles, j’entendais mon prénom sans rien comprendre. Lui me serra les deux mains très amicalement comme s’il m’avait toujours connu. Et s’assirent à la table qui jouxtait la mienne.
Le serveur, resté à mes côtés, se précipita pour leur demander ce qu’ils désiraient consommer. Après avoir indiqué, que deux chocolats chauds avec des tartines leur conviendraient, elle se retourna vers moi et insista, dans un français difficilement compréhensible, pour m’offrir un autre café, tout en rapprochant sa table de la mienne.
C’est alors que, dans un accent très prononcé mais plus accessible, son compagnon engagea la conversation pour savoir ce que je devenais et si mes affaires marchaient toujours bien. Je n’eus pas le temps de répondre que nous entendions au loin une moto qui arrivait en vrombissant et qui n’hésita pas à se garer sur le trottoir non loin de nous. Je surpris les regards de connivence de mes deux voisins. De toute évidence, ils attendaient ce motard qui nous rejoignit tout en ôtant son casque.
Lui aussi, très enthousiaste à ma vue, me salua en me disant qu’il était ravi de me revoir et qu’il avait gardé un excellent souvenir de mon épouse lors de notre dernière rencontre à Venise. Que le temps avait passé, qu’il était très occupé et qu’il n’avait pas pu me contacter. Il espérait vivement que nous aurions l’occasion de déjeuner ensemble dans les prochains mois. Je restais interloqué ne reconnaissant pas plus cet individu que les deux autres.
Il embrassa ses acolytes qui se mirent à parler le russe sans plus s’intéresser à moi. Il s’assied pour se relever aussitôt et discuta avec un serveur très souriant, qui lui apporta un grand café avec des croissants qui ne semblaient pas le satisfaire et qu’il a fait rapporter. Il me regarda en m’indiquant que le service n’était plus ce qu’il était.
Cela faisait dix minutes que j’assistais à cette scène et je n’avais pas encore pu leur faire part de leur méprise. Mais, tout de même, il était curieux qu’ils soient trois à me confondre avec une autre personne.
J’entendis soudain « COUPEZ » et, devant et derrière nous, surgirent une dizaine de personnes qui applaudissaient en riant aux éclats. Ma voisine se leva et s’approcha pour me féliciter d’avoir participé brillamment à une partie du tournage d’un court métrage pour faire de la publicité pour la twingo rose. Il lui avait été facile de connaître mon prénom car depuis dix ans, j’étais un habitué de cet établissement. Elle commanda du champagne pour tous. Cette coupe fut bienvenue pour me remettre de mes émotions.
Les cloches de l’Eglise Saint-Germain-des-Prés m’apprirent qu’il était 9 h, il était temps que je quitte toute l’équipe car j’allais être en retard chez mon éditeur.
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Vous avez lu cette nouvelle en dix minutes mais il m'a fallu plus de deux heures pour l'écrire.
Avez-vous deviné à quelle heure le narrateur était arrivé aux Deux Magots ?
Edith Lecoq